Archive for the 'Récit de vie' Category

26
Août
12

Je marchais malgré moi dans les pas du diable

Roman de Dorothée Piatek aux éditions Petit à Petit. 2007

Roman de Dorothée Piatek aux éditions Petit à Petit. 2007.
Voici un roman que j’ai retrouvé au CDI en plusieurs exemplaires et qui n’est pas sorti depuis longtemps. C’est une bonne surprise, le sujet et surtout la narration choisie par D. Piatek se prêtent particulièrement bien à ce récit de vie qui fait revivre les heures sombres des Alsaciens pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Celui qui nous raconte son histoire s’appelait François Cellier en 1939,  en même temps que lui, on revit  le bel été de 1939 qui va brutalement cesser avec les menaces qui pesaient sur les territoires proches de la frontière allemande. Conformément au plan prévu par les autorités françaises, l’ordre d’évacuation arrive dans les premiers jours de septembre et la famille de François est contrainte de tout abandonner pour rejoindre les trains qui vont les emmener vers des départements très éloignés. Pour les Celliers, ce sera la Dordogne. Avec le jeune adolescent de 15 ans, on découvre au quotidien cette période appelée « Drôle de guerre » qui fut une épreuve difficile pour ces populations déplacées.  Mais le pire est à venir, avec l’invasion allemande de mai 1940, les Alsaciens sont enjoints à retourner chez eux. Tous n’acceptent pas, mais le père de François qui a laissé sa boulangerie revient à Strasbourg avec sa famille. Le piège vient de se refermer : l’Alsace est sous la domination nazie à présent et les habitants sommés de se germaniser. Progressivement, l’embrigadement des jeunes Alsaciens les pousse à s’enrôler dans l’armée allemande. Les « malgré-nous » vont terriblement souffrir de cette situation et c’est tout l’intérêt de ce roman de raconter cette page trop méconnue de l’histoire de la guerre 1939-1945.

12
Déc
09

La fille du docteur Baudoin

Roman de Marie-Aude Murail aux éditions l’école des loisirs, 2006 (collection Médium)

Le docteur Baudoin supporte de moins en moins ses malades et les longues journées à voir défiler des patients qui se plaignent. Il a pourtant une bonne clientèle et sa salle d’attente de désemplit pas à tel point qu’il propose à un jeune collègue, le docteur Vianney Chasseloup, de partager son cabinet. Ce dernier récupère tout ceux dont Baudoin ne veut plus, les vieux, les gâteux, les cas les plus désespérés. Quand les patients restent quelques minutes chez Baudoin et repartent avec une ordonnance longue à n’en plus finir, ceux de Chasseloup ont droit à plus d’écoute. Mais là n’est pas le problème. Les soucis pour l’un et pour l’autre vont venir de Violaine, la fille du docteur Baudoin, qui se présente devant Chasseloup comme patiente : elle est enceinte à 17 ans !

Excellent roman une fois de plus, les personnages sont magnifiques, principaux comme secondaires et le talent de M. Aude Murail pour raconter des histoires nous emporte dans la tourmente de cette jeune fille qui n’est pas prête à assumer une maternité et que cet événement perturbe complétement. Tout son questionnement sur cette vie qui prend racine en elle, sa peur d’y mettre fin mais aussi la terreur de se savoir incapable d’accueillir à cette période de sa vie un enfant : rien n’est évacué dans le roman. Au cœur du récit il y a aussi la difficulté à communiquer entre ados et parents, les relations entre médecins et patients (azvec deux modèles bien différents : Baudouin qui traite à coup de médocs, ceux recommandés par sa pétillante visiteuse médicale, Chasseloup qui accompagne les patients, les écoute et distille des conseils de bon sens avant toute médication lourde. Entre scènes cocasses (avec la petite sœur dont les réparties sont savoureuses) et vrais morceaux d’émotion (l’IVG et les peurs de Violaine) ce roman se dévore littéralement et devraient passionner les jeunes filles…et leur mamans. Mais la lecture est évidemment recommandée aux hommes également, c’est un vrai moment de bonheur et l’occasion de se rappeler que nombre de femmes ont eu à passer au cours de leur vie par le questionnement et les angoisses de Violaine.

28
Jan
09

à-pic

seckaRoman de franck Secka aux éditions Thierry Magnier, 2002.

Pour une fois qu’il peut accompagner son frère au sport d’hiver, le héros ne se fait pas prier. Direction Thal et ses pistes de ski mais aussi la vie en groupe…pas toujours facile quand on est le plus jeune et que l’on (se) découvre. Des découvertes, ce jeune ado en fera, notamment en ce qui concerne les sentiments amoureux et l’attirance pour le corps de l’autre, surtout que c’est celui d’un autre garçon.

Un roman qui se lit très vite, des phrases courtes, des chapitres concis mais une écriture assez lapidaire, sans beaucoup de relief. Si le thème de l’homosexualité est effectivement traité, il arrive assez tard dans le roman et on se demande s’il était nécessaire de planter aussi longtemps le décor. C’est un roman d’apprentissage qui permet de faire vivre les réactions de l’ado, ses sentiments, ses perceptions, ses doutes et ses peurs mais aussi bien sûr le regard des autres. l’ambivalence des sentiments est également intéressante entre Samuel (le grand) qui refuse de reconnaître son attirance et le héros qui lui assume et se retrouve tenaillé par la force du désir d’être en communion. Or tout cela est traité un peu rapidemment à mon goût et presque avec trop de désinvolture. Ce qui aurait pu être riche et captivant pour un adolescent-lecteur en proie au questionnement sur son identité sexuelle en construction se limite à un récit mal ficelé qui laisse de marbre une fois la dernière page tournée. Dommage.

02
Jan
09

Le jour nouveau

Roman de Joël Breurec aux éditions Syros. 2007

breurecjourPhilippe est dans un collège militaire comme pensionnaire une grande partie de l’année, il rentre rarement chez ses parents et lorsque sonne l’heure des vacances, c’est pour aller en camps scout. Philippe ne subit pas, c’est un choix personnel pour lui qui aspire à devenir un officier et qui travaille pour être dans les meilleurs. Mais la vie en communauté fermée comme un collège militaire et son encadrement strict occasionne de mauvaises surprises au héros soudain confrontés à la violence et la lâcheté. Subir ou agir ? Le personnage de Philippe grandit sous les yeux du lecteur.

Étrange roman qui semble nous emmener dans le passé tant le cadre de l’histoire ressemble à une histoire d’enfant de troupe des années 50 (on pense à « Allons z’enfant » d’Yves Gibaut ou mieux encore au roman de  Charles Juliet  » l’année de l’éveil« ). Pas d’indice temporel (hormis que cela se passe après la guerre d’Algérie), mais on a vraiment un sentiment de décalage avec la vie d’aujourd’hui…à moins que ce ne soit l’univers de philippe qui soit suranné.  Toujours est-il que l’on entre bien dans cette histoire courte et bien rythmée et que le fait que ce soit un garçon programmé pour embrasser la carrière des armes qui se rebelle ajoute au crédit de ce roman. Il faut dire qu’il lui faudra du courage pour affronter la rigité de ses parents et dénoncer les coupables agissements du prêtre qui encadre les scouts dès lors qu’il s’agit de son petit frère. Si le héros a des idées bien ancrées et qu’il reste fidèle aux valeurs inculquées, il sait également s’ouvrir aux autres, accepter la différence, et il apprend peu à peu à prendre ses responsabilités : une belle leçon de vie !

02
Jan
09

Top-rondes

Roman de Janet McDonald aux éditions Thierry magnier. 2004

macdonaldrondeArrivée en fin de droits, Aïcha, jeune noire-américaine vivant à Brooklyn, va devoir effectuer un travail d’intérêt général  à moins qu’elle ne parvienne à trouver un job, elle qui est réfractaire à tout effort. jeune fille-mère de deux enfants, encore chez sa mère, elle se laisse vivre, se refuse à envisager l’avenir et calme ses angoisses à coup de sodas et de hamburger bien gras agémentés de confiserie sucrées. Obèse, noire, sans emploi, elle est à l’image de nombres de jeunes afro-américaines ce qui pourrait finalement lui servir.

Elle nous agace cette Aïcha par sa propension à faire les mauvais choix,  à se fermer toutes les portes pour une possibles intégration dans la vie active. On l’accompagne dans ses pathétiques démarches pour trouver un emploi et échapper à l’humiliante proposition des services sociaux, mais qu’elle est horripilante à faire montre de tant de paresse et de manque de maturité pour assumer ses enfants. Il faut dire que la vie d’Aïcha n’est pas rose entre un père absent et une mère alcoolique qui ne l’aime pas, mais l’auteur a tellement su nous mettre en condition que lorsqu’elle est en passe d’être recrutée comme mannequin (grâce à ses rondeurs et son beau visage) que l’on souhaite ardemment la voir s’en sortir. Mais la romancière sait ménager ses effets…

Un bon roman dans lequel on surnage comme Aïcha avec quelques dollars, des rêves, des colères et des déceptions. beaucoup de révolte aussi, pas devant l’injustice de sa situation mais devant la constante obstination de l’héroine à gâcher toute opportunité qui se présente.  Un portrait acide d’une jeune afro-américaine laissée sur le bas-côté de la réussite sociale qui par une extraodinaire volonté va réussir à faire de ce qui semblerait des handicaps, une véritable force pour se sortit de sa condition. être une fille des quartiers va se révéler être une chance, mais pour une Aïcha sauvée, combien laissée sur le côté avec leur rêves brisés ?

28
Juil
07

Loin de Ghadamès

stolzghada.jpgRoman de Joëlle Stolz aux éditions Bayard Jeunesse.(collection Estampille) 2005

Suite du premier roman publié en littérature jeunesse de Joëlle Stolz, « Les ombres de Ghadamès ». Revoilà donc Malika, la jeune fille de Ghadamès qui bouscule les traditions et tombe amoureuse d’un bel inconnu que tout le monde dans la ville poursuit. La romancière a imaginé la suite et l’on retrouve avec plaisir la même ambiance exotique, la même langueur des demeures écrasées de soleil où dans la pénombre se meuvent les femmes de Ghadamès. Cette histoire se déroule au XIXe siècle et l’on a aucun mal à imaginer les personnages en songeant aux tableaux de Delacroix, Ingres ou d’autres peintres orientalistes. Mais ce qui est intéressant, c’est ce que provoque Malika par ses prises de position, comment elle enfreint toutes les traditions séculaires pour s’affirmer comme femme libre de choisir celui qu’elle veut aimer. Cette fois-ci, son engagement l’amène à des abandons et des déchirements dont elle mesurera plus tard toute la portée. En acceptant de se marier à Abdelkarim, elle quitte Ghadamès et sa famille pour suivre un homme qu’elle connaît à peine. A dos de chameau dans une caravane de Touaregs, elle tire un trait sur son passé et s’en va vers Tripoli pour découvrir que son mari n’est pas si libre qu’il y parait, engagé dans une mystérieuse confrérie musulmane. En découvrant une certaine liberté, Malika se frotte à d’autres dangers et fait le douloureux apprentissage de la vie de femme.

Un livre qui se lit aisément, la lecture est fluide favorisée par un récit bien organisé, répartis en cours chapitres dans lesquels chaque fois un nouvel élément de l’intrigue survient. On peut se poser quelques questions sur les paragraphes où Mlika rencontre une jeune anglaise et ce qu’elles vont être amené à faire ensemble, tout cela semble se faire si facilement alors que jusqu’ici l’auteur avait pris plus de précautions pour densifier et crédibiliser son récit. La, découverte de traditions (celles de Ghadamès puis celles des Touaregs), les changements de points de vue sont intéressants, on ne s’ennuie pas et le tout reste agréable mais encore une fois, Joëlle Stolz aurait pu approfondir les relations qu’entretient Malika avec Cassandra (l’anlaise) ou le moine-soldat, il reste comme un goût d’inachevé une fois la dernière phrase lue…Même si j’ai apprécié le roman, je le trouve un ton en-dessous du premier.




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