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21
Nov
12

Le retour de la demoiselle

Roman de Cathy Ytak aux éditions l’école des loisirs, 2011.

Au cœur du Jura, une maison nichée au pied d’une combe propice à la rêverie. Brian, un jeune ado y a toujours imaginé le petit peuple de fées et de personnages étroitement liés à la nature vivants en osmose avec elle. Enfant unique, il n’était pas rare qu’il aillent confier ses secrets aux arbres. Mais les bulldozer que l’on redoutait depuis le projet de construction d’un hôtel de luxe viennent faire vrombir leurs moteurs, réveillant la colère et la stupeur de Brian et ses parents. C’est dans ce contexte pesant que l’adolescent un jour, est attiré dans une clairière par un son mélodique semblant se mêler au vent. le musicien qu’il voit jouer de dos d’un étrange instrument est en fait une jeune fille d’allure masculine qui tire de sa harpe celtique des sons émouvants. Brian est conquis, il devient l’élève de Maureen dont l’étrange soeur Lehannia , entame un dialogue muet avec le jeune homme.

Ce roman d’apprentissage mêle habilement plusieurs thèmes : protection de la nature, découverte de soi, apprentissage de la musique, le tout nimbé de fantastique. Les questions que se posent Brian, les angoisses qui le taraudent, les colères brutales qui le déstabilisent, autant d’émotions que bien des adolescents sauront reconnaître. pas de leçon dans l’écriture de Cathy Ytak, les jeunes lecteurs y prendront ce qu’ils veulent, mais ils goûteront aussi certainement avec plaisir le déroulement de l’histoire sans nécessairement vouloir y trouver des échos avec leur propre questionnement. J’ai aimé cette délicatesse dans l’écriture, cette progression à petites touches qui donne à voir un ado se construisant peu à peu. Le fantastique qui s’invite ici et là au cours du roman est lumineusement employé donnant une saveur particulière à ce roman qui est vraiment d’une grande richesse.

05
Nov
12

120 ans plus tard

ImageRoman de François Librini. Oskar jeunesse, 2011.

Encore un roman dans une collection de polars pour la jeunesse, cette fois-ci chez Oskar édition. Alexandre Guérini vient d’emménager avec ses parents – parisiens – dans une maison à retaper en Auvergne. Si les adultes s’installent sans difficultés dans le petit village, Alexandre lui, ressent comme un malaise : il lui semble que les habitants ne les accueillent pas chaleureusement, loin de là. Il en aura la confirmation lorsqu’il rencontrera un jeune garçon qui fera sa rentrée comme lui en 3e au collège d’ici peu. Alors qu’une amitié pourrait bien naître entre ces 2 garçons que lie la passion du cyclisme, la révélation du nom d’ Alexandre jette un froid. Pourquoi ? Quelle histoire liée aux Guérini peut susciter tant d’animosité ? Alexandre se met en quête…

Une écriture agréable, le scénario est bien ficelé même s’il est sans surprise.C’est peut-être ce qui pêche le plus dans ce roman qui se lit avec plaisir, on doute un peu que ce qui motive la haine des habitants soit aussi puissant 120 ans plus tard (c’est plus que de l’hostilité et je croyais découvrir un motif autrement grave). Par contre, cette idée de lancer Alexandre dans les archives départementales est très intéressante et on peut aller voir sur le site de l’auteur comment il s’est inspiré des sa visite lui-même pour nourrir son roman.

Un roman qui plaira sans doute aux amateurs d’enquêteurs en herbe, le personnage d’Alexandre est d’ailleurs tout à fait crédible.

02
Nov
12

Murder party

ImageRoman d’Agnès Laroche aux éditions Rageot (Heure noire). 2010

Dans cette collection de polars, le roman d’ A. Laroche n’est pas un chef d’œuvre de suspens, mais il se lit avec plaisir surtout grâce à la bonne dose d’humour qui égaye le livre. Cette histoire d’amour naissante entre Max, le personnage principal, et Marguerite, la jeune handicapée, ne manque pas de sel…tout au moins jusqu’au 3/4 de l’histoire. Max va fêter prochainement son anniversaire et il a obtenu de ses parents le droit d’inviter ses amis et…. une fille. Voilà qui est inédit pour les parents et surtout qui oblige Max à agir puisqu’il doit maintenant obtenir l’accord de la fameuse Marguerite qu’il n’ose aborder depuis la rentrée ! De délicieux atermoiements, les réflexions d’Alexandre ne manquent pas d’humour, tout est dans les situations cocasses puisqu’il est d’une maladresse pitoyable dès qu’il lui adresse la parole et cela est assez délicieux. Là où le polar s’invite dans le roman c’est quand la soirée d’anniversaire va avoir effectivement lieu. Le grand frère de Max lui a proposé d’organiser une « murder party » sans que les parents soient au courant et comme de bien entendu, le scénario dérape. Marguerite et son chevalier servant sont enlevés et retenus prisonniers par un dangereux malfaiteur qui projette de les faire disparaître. C’est là où le roman commence à patiner quelque peu. Quelques invraisemblances, des dialogues moins aboutis, une fin un peu bâclée à mon sens, le roman perd de son intérêt et si ce n’était l’humour et le caractère particulier de Marguerite, on oublierait bien vite cette histoire. Mais l’humour et la talent de l’auteur pour mettre en mot les émois de Max sauvent le roman et l’on passe un agréable moment de lecture.

02
Nov
12

14

ImageRoman de Jean Echenoz aux éditions de Minuit.2012

Un titre court comme le roman, une écriture précise et rapide, en quelques pages admirables, Jean Echenoz brosse le portrait d’une femme et quelques hommes emportés par la tourmente de la guerre de 1914. Encore un roman sur cette guerre ? Tout n’a-t-il pas été dit ? Comment écrire encore sur cette période et capter l’attention des lecteurs ? Echenoz a réussi brillamment en nous livrant un roman qui se lit très vite et nous plonge pourtant dans le souffle percutant d’une période de l’histoire où les hommes – et les femmes – ont vécu des chose incroyables. On peut avoir lu « A l’ouest rien de nouveau » d’E. Maria Remarques, « le Feu » de Barbusse, « C’était la guerre des tranchées « de Tardi, avoir visionné « Les Sentiers de la gloire » de Kubrick et pourtant trouver encore un éclairage de plus sur cette guerre qui a marqué l’histoire de l’Europe.

Des premières charges aux sons de la musique en pantalon rouge et képis bleus à la pesante promiscuité du cloaque des tranchées, par un choix de mots judicieux, l’auteur rend l’atmosphère de ces épreuves terribles à travers le parcours singulier de quelques personnages. Une page choisie d’Echenoz , celle d’un bombardement, et l’on est pénétré tout entier de l’incroyable violence de cette guerre devenue encore plus mortelle avec le progrès et générant des blessures effroyables à un rythme industriel. Peu de pages et pourtant on s’attache à ces personnages, on traverse comme eux la guerre et l’on reste comme abasourdi à la dernière page lue. Et la vie continue…

29
Oct
12

Spiral

ImageRoman de Paul Halter aux éditions Rageot. 2012

Ce roman appartient à la collection Thriller des éditions Rageot, mais on frissonne bien peu au cours de cette lecture qui devient au fil des pages de plus en plus laborieuse. La faute à une écriture mal maîtrisée (la traduction ?), qui se relâche peu à peu et qui tombe trop souvent dans la facilité. Si l’idée première de faire découvrir ce qui arrive à Mélanie, en vacances chez son oncle – un solitaire reclus dans un vieil hôtel perdu dans la lande bretonne – par l’intermédiaire des lettres qu’elle envoie à son amoureux resté à Paris est une idée plutôt séduisante, le dernier quart du roman ne tient pas ses promesses. Alors que l’intrigue devrait gagner en intensité, on s’ennuie quelque peu et surtout quelques dialogues, quelques situations sont trop peu vraisemblables pour que l’on adhère. Beaucoup de clins d’œil à l’univers du cluedo, l’auteur y a peut être pris plaisir, mais pour ma part, j’ai peu apprécié puisqu’au final le roman ne tient pas le suspens comme promis. A oublier et j’aurais bien du mal à le conseiller à d’autres lecteurs surtout pour la tranche d’âge concernée (grands ados/jeunes adultes).

20
Oct
12

Vert jade rouge sang

ImageRoman de Pascale Maret aux éditions Thierry Magnier, 2011

 

En Birmanie, Ko Myo, un jeune homme qui vient de décrocher le droit de faire des études supérieures, s’apprête à partir à la recherche de son frère aîné Naing Li. Ce dernier n’a plus donné signe de vie depuis plusieurs mois après être parti au fin fonds de la Birmanie chercher fortune dans les mines de jade. Sa mère pousse Ko Myo à faire le voyage vers la ville minière de Hpakant.

C’est donc dans cet univers sordide que se déroule le roman où le lecteur, avec les yeux de Ko Myo, découvre peu à peu la terrible réalité de la vie dans ces mines de jade. Les mineurs – éblouis par la perspective illusoire de s’enrichir – se perdent dans cet enfer où règnent la corruption, la violence, la drogue et la prostitution. Le naïf jeune homme « grandit » en peu de semaines, obligés lui aussi après s’être fait dérober son argent, de descendre à la mine pour tenter de gagner l’argent nécessaire pour quitter Hpakant en ramenant son frère.

Comme dans son précédent roman ayant pour thème la téléréalité, je ne suis pas enthousiasmé par l’écriture de Pascale Maret. Trop de recours à des dialogues creux qui n’apportent rien, le déroulement de l’intrigue est sans surprise et la fin est très décevante. Le personnage de Ko Myo manque de crédibilité, le personnage secondaire de Ho Ho était intéressant mais il reste sous exploité et l’on se demande toujours la nature du lien qui l’unit à Ko Myo. Si  la lecture du roman peut susciter chez les adolescents le désir de s’informer sur les mines de jade, très bien mais je ne suis pas certain qu’ils éprouveront un grand bonheur de lecture en feuilletant les pages du livre qui reste assez terne…pour un roman noir.

 

26
Août
12

Je marchais malgré moi dans les pas du diable

Roman de Dorothée Piatek aux éditions Petit à Petit. 2007

Roman de Dorothée Piatek aux éditions Petit à Petit. 2007.
Voici un roman que j’ai retrouvé au CDI en plusieurs exemplaires et qui n’est pas sorti depuis longtemps. C’est une bonne surprise, le sujet et surtout la narration choisie par D. Piatek se prêtent particulièrement bien à ce récit de vie qui fait revivre les heures sombres des Alsaciens pris dans la tourmente de la seconde guerre mondiale. Celui qui nous raconte son histoire s’appelait François Cellier en 1939,  en même temps que lui, on revit  le bel été de 1939 qui va brutalement cesser avec les menaces qui pesaient sur les territoires proches de la frontière allemande. Conformément au plan prévu par les autorités françaises, l’ordre d’évacuation arrive dans les premiers jours de septembre et la famille de François est contrainte de tout abandonner pour rejoindre les trains qui vont les emmener vers des départements très éloignés. Pour les Celliers, ce sera la Dordogne. Avec le jeune adolescent de 15 ans, on découvre au quotidien cette période appelée « Drôle de guerre » qui fut une épreuve difficile pour ces populations déplacées.  Mais le pire est à venir, avec l’invasion allemande de mai 1940, les Alsaciens sont enjoints à retourner chez eux. Tous n’acceptent pas, mais le père de François qui a laissé sa boulangerie revient à Strasbourg avec sa famille. Le piège vient de se refermer : l’Alsace est sous la domination nazie à présent et les habitants sommés de se germaniser. Progressivement, l’embrigadement des jeunes Alsaciens les pousse à s’enrôler dans l’armée allemande. Les « malgré-nous » vont terriblement souffrir de cette situation et c’est tout l’intérêt de ce roman de raconter cette page trop méconnue de l’histoire de la guerre 1939-1945.

26
Août
12

L’étrange cas Origami yoda

Roman de Tom Angleberger. Seuil jeunesse

C’est ma bibliothécaire favorite qui m’a conseillé ce roman de Tom Angleberger paru aux éditions du Seuil et c’est vrai que c’est un roman original. Original dans sa forme déjà puisqu’il se présente sur un papier particulier d’apparence froissée, qu’il est agrémenté de dessins et de commentaires des différents personnages qui vont s’épancher dans ce journal. Car c’est un journal ce roman, commencé  à l’initiative de Tommy qui décide de relater les surprenant événements survenus dans ce collège américain où un drôle de garçon nommé Dennis, déambule avec au bout du doigt une marionnette en origami sous les traits de Yoda, le fameux sage de la saga Star Wars. Comme lui, Origami Yoda  » en inversant parle » et c’est de sa voix éraillée – et peu ressemblante – que Dennis distille les conseils et avis du sage vert. Le phénomène prend de l’ampleur et nombre de collégiennes et collégiens vont s’exprimer sur leur rencontre avec Origami Yoda et expliquer en quoi il a – ou pas – changé leur vie.

C’est assez savoureux et très bien vu sur les relations entre ados vues par le truchement de ce drôle de petit personnage qui les révèlent à eux-mêmes, les pousse à agir en leur donnant simplement des conseils salutaires et pleins de bon sens pour franchir des étapes de la vie quotidienne dans un collège. Mais ce qui fait le sel de l’histoire, c’est que le fameux Dennis est un élève en complet décalage avec les autres. Cet original au comportement souvent déroutant surprend et agace avec sa marionnette, surtout que les conseils d’Origamai Yoda sont souvent excellents et si judicieux que personne n’ose imaginer que Dennis  soit capable de les imaginer : Origami Yoda aurait-il une existence propre ? C’est ce que vous pourrez découvrir en lisant cet excellent roman à déguster à la rentrée pour se préparer à vivre au mieux l’année scolaire à venir. « Pour passer un bon moment, lire ce livre vous devez ! « 

30
Déc
09

L’étrange vie de Nobody Owens

Roman de Neil Gaiman aux éditions Albin Michel (Wizz), 2009.

Enfant, Nobody échappe à la mort alors que toute sa famille est massacrée par un mystérieux professionnel du crime. Sans en avoir conscience, Nobody se réfugie dans un cimetière proche de la maison de ses parents, il est alors pris en charge par les fantômes du lieu, notamment M & Mme Owens qui le prénomment Nobody puisque l’on ignore son nom. A partir de cet instant, Nobody apprend à vivre parmi les morts sous la protection de Silas, un être entre les vivants et les morts, qui devient le tuteur de l’enfant. Une seule règle à respecter absolument : ne pas quitter le cimetière !

Si personnellement, je n’avais pas été enthousiasmé par Coraline, j’ai trouvé ce roman de très bonne facture. Le style est agréable, le vocabulaire recherché et l’intrigue bien menée. N. Gaiman développe à la fois un univers particulier qui enchante le lecteur avec de belles trouvailles et dans le même temps, on suit l’apprentissage de Nobody qui ne manque pas de piquant. C’est parfois macabre, mais aussi très poétique et le monde des morts nous apparaît comme finalement très joyeux. A signaler, les chapitres sont assez longs et peu de pauses sont ménagées dans ceux-ci ce qui peut effrayer des lecteurs moyens. Les grands lecteurs se délecteront à la découverte de ce gros romans truffés de personnages hauts en couleurs et de rebondissements.

12
Déc
09

La fille du docteur Baudoin

Roman de Marie-Aude Murail aux éditions l’école des loisirs, 2006 (collection Médium)

Le docteur Baudoin supporte de moins en moins ses malades et les longues journées à voir défiler des patients qui se plaignent. Il a pourtant une bonne clientèle et sa salle d’attente de désemplit pas à tel point qu’il propose à un jeune collègue, le docteur Vianney Chasseloup, de partager son cabinet. Ce dernier récupère tout ceux dont Baudoin ne veut plus, les vieux, les gâteux, les cas les plus désespérés. Quand les patients restent quelques minutes chez Baudoin et repartent avec une ordonnance longue à n’en plus finir, ceux de Chasseloup ont droit à plus d’écoute. Mais là n’est pas le problème. Les soucis pour l’un et pour l’autre vont venir de Violaine, la fille du docteur Baudoin, qui se présente devant Chasseloup comme patiente : elle est enceinte à 17 ans !

Excellent roman une fois de plus, les personnages sont magnifiques, principaux comme secondaires et le talent de M. Aude Murail pour raconter des histoires nous emporte dans la tourmente de cette jeune fille qui n’est pas prête à assumer une maternité et que cet événement perturbe complétement. Tout son questionnement sur cette vie qui prend racine en elle, sa peur d’y mettre fin mais aussi la terreur de se savoir incapable d’accueillir à cette période de sa vie un enfant : rien n’est évacué dans le roman. Au cœur du récit il y a aussi la difficulté à communiquer entre ados et parents, les relations entre médecins et patients (azvec deux modèles bien différents : Baudouin qui traite à coup de médocs, ceux recommandés par sa pétillante visiteuse médicale, Chasseloup qui accompagne les patients, les écoute et distille des conseils de bon sens avant toute médication lourde. Entre scènes cocasses (avec la petite sœur dont les réparties sont savoureuses) et vrais morceaux d’émotion (l’IVG et les peurs de Violaine) ce roman se dévore littéralement et devraient passionner les jeunes filles…et leur mamans. Mais la lecture est évidemment recommandée aux hommes également, c’est un vrai moment de bonheur et l’occasion de se rappeler que nombre de femmes ont eu à passer au cours de leur vie par le questionnement et les angoisses de Violaine.




juin 2024
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