Archive pour novembre 2009

07
Nov
09

à vos risques et périls

maretRoman de Pascale Maret aux éditions Thierry Magnier, 2007.

6 adolescents participent à un nouveau concept de téléréalité imaginé par Grave production : lâchés sur une île déserte, ils doivent faire preuve de cohésion au sein de leur commando baptisé Hibiscus et surmonter des épreuves pour être meilleurs que les autres équipes. Soigneusement choisis par la production pour générer du buz et faire de l’audience, les ados sont de vraies caricatures : une bimbo qui se rêve en starlette et mise sur la télé pour y parvenir, une racaille de banlieue beau comme un dieu, un fils de bonne famille à l’esprit scout toujour, un français moyen, une black rebelle et une petite boulotte qui devrait souffrir. Cependant, l’aventure ne va pas être telle que fabrice , l’animateur l’imaginait puisque la production n’avait pas compté sur des groupes rebelles en pleine opposition avec le régime dictatorial de ce coin d’Asie; Les six ados sont enlevés, l’audience augmente, mais le jeu n’en n’est plus un…

Cela se lit très facilement, les chapitres sont très courts, à chaque fois c’est un des ados ou la production qui prend la parole et l’on a ainsi une succession de points de vue. Les personnages qui étaient si caricaturaux se révèlent dans l’adversité et peu à peu, ils prennent en épaisseur et les surprises sont de taille ! enlevés par de jeunes rebelles qui leur prendre conscience du mot liberté, les ados sont rapidement proches des leurs ravisseurs, le dénouement n’en sera que plus dramatique.

Le schéma narratif est intéressant puisque l’on a parfois un journal intime, parfois des récits, des compte rendus de réunion (pour Grave production) voire un journal télévisé. Un roman qui permet de voir de l’intérieur un jeu de télé réalité (le cynisme des producteurs est affolant), et d’en démonter les mécanisme pour prendre un peu de recul sur ce que montrent les caméras dans ce genre d’exercice très prisé par les jeunes téléspectateurs. L’émission sera enrichissante, mais pas pour ce que faisait miroiter la production, plutôt pour les valeurs humaines dont les uns et les autres vont faire preuve…et pas grâce au jeu !

06
Nov
09

Le mystère des pavots blancs

enolaRoman de nancy Springer aux éditions Nathan, 2008. Dans la série « Les enquêtes d’Enola Holmes »

Dans l’Angleterre victorienne, Enola Holmes, soeur du célèbre Sherlock et de Mycroft, tente par tous les moyens d’échapper à ses frères qui veulent offrir à la cadette de la famille une éducation de lady…dans un pensionnat. ce qu’elle affectionne plus que tout, Enola, c’est l’aventure, les énigmes et pouvoir se comporter comme tout homme. spécialiste des travestissements, elle change régulièrement de pseudonymes pour troubler les pistes et accessoirement reprendre des enquêtes de son grand frère Sherlock.

Enola va en avoir l’occasion puisqu’elle découvre dans le Daily Telegraph ce titre : « Mystérieuse disparition de l’associé de Mr Sherlock Holmes – le docteur Watson introuvable ! ». Enola se lance dans l’enquête.

Si c’est assurément bien écrit – beaucoup de vocabulaire, des tournures de phrases recherchées – la lecture n’en n’est pourtant pas fluide et je crains que des jeunes lecteurs ne soient un peu rebutés par le roman. il n’en reste pas moins que c’est un bon roman policier, avec des énigmes (le lecteur peut d’ailleurs tenter de déchiffrer seul un message codé), des rebondissements et un dénouement qui surprend. Rien de sordide, on est dans un policier plein de finesse et un monde de « lady » même si Enola est amenée à fréquenter les bas quartiers et qu’elles traverse les pires rue de l’East End londonien. Un peu trop distancié peut être et j’ aurais  préfèré retrouver un peu de  l’univers de la BD « Les Quatre de Baker street » qui donne une idée plus juste du Londres de cette fin du XIXe siècle, son « fog », ses industries en pleine villes, sa population ouvrière nombreuse et sa criminalité galopante.Néanmoins, le personnage d’Enola est très riche et permet d’en savoir beaucoup plus sur la condition féminine avec de multiples anecdotes qui aident à comprendre dans quel carcan les femmes étaient confinées.

A noter d’ailleurs que le livre regorge de précisions utiles sur des termes en argot, des personnages célèbres ayant existé a cette époque, etc.

 

02
Nov
09

La Perrita

perritaRoman d’Isabelle Condou aux éditions Plon, 2009.

Alors qu’elles  s’apprêtent à fêter un anniversaire, deux femmes remontent le fil de leur histoire avec cette jeune fille qui va avoir 18 ans en Agentine cet été de 1996. Pour la première à prendre la parole, Ernestina, cet anniversaire c’est le miracle qu’elle n’espérait plus : apprendre que l’enfant né de l’union de son fils et sa belle-fille disparus au cours de la dictature existait. Pour la seconde, Violetta, femme d’un militaire de la junte, cette jeune fille, c’est le bonheur que son corps stérile refusait de lui donner, c’est sa fille même s’il faut pour cela taire qu’elle se l’est appropriée.

Prodigieux roman sur la douleur de la disparition, sur  l’indicible détresse de l’absence mais aussi sur l’incroyable histoire de  deux femmes qui ont vécu les heures sombres de la dictature de la junte militaire entre 1976 et 1983 en Argentine et dont les destins croisés content les cicatrices démentielles d’un pays déchiré.

j’ai été littéralement « transporté » par ce roman qui m’a laissé pantelant et ému une fois la dernière page tournée. Plus je voyais la fin approcher et plus je reculais le moment d’en finir tellement les mots d’Isabelle Condou trouvaient écho en moi. C’est une écriture magnifique, un style puissant et enthousiasmant et bien sûr une histoire terriblement touchante, qui prend littéralement aux tripes. I. Condou dit vouloir exprimer son amour de l’Argentine et des argentins par ce livre et elle y réussit magnifiquement. On n’a qu’une envie, c’est d’en savoir plus sur les histoires de ces enfants de disparus , adoptés par les familles de leurs bourreaux, on a qu’un désir, lire encore et encore la prose d’Isabelle Condou. Une rencontre d’une grande richesse que cette lecture, un bien fou, un plaisir rare : un bonheur !

vous avez envie de découvrir Isabelle Condou dont vous ne saviez rien (comme moi) avant cette lecture ? regardez cette vidéo sur wikio où l’auteur présente son roman

j’ajoute cet article du Soir (journal de Belgique) sur le procès intentée par la fille de « disparus » à sa famille adoptive

01
Nov
09

Le chevalier au loup

Roman de Viviane Moore aux éditions Thierry Magnier, 2009.

 

chevalierauloupEn cet hiver de l’an 1198, Padrig Le Jaquez, fameux guide de Compostelle prend en charge un nouveau groupe de pèlerins. Il doit les conduire jusqu’à St Jacques de Compostelle depuis la Bretagne, un voyage éprouvant et dangereux de plus de 6 mois. Armel, son fils l’accompagne pour la 1re fois dans cette périlleux épreuve. Il doit connaître le chemin pour succéder à son père : un apprentissage difficile et angoissant pour le jeune Breton qui ignore s’il sera à la hauteur.

Le groupe de pèlerins se révèle difficile à mener, il y a des personnages qui n’inspirent pas confiance à Padrig, mais Armel ne s’en émeut guère, les yeux de la belle Morgan lui donne du courage et l’envie de se surpasser. il en sera bien obligé puisque son père est assassiné et qu’il doit désormais prendre la tête du groupe; or les pillards et les bandits hantent les chemins, une horde de loups répand la terreur et la mort rôde autour des pèlerins. Aidé par le chevalier au loup qui rejoint le groupe, Armel va devoir surmonter bien des épreuves et s’affirmer comme guide de Compostelle et quand en plus s’y mêle un chasse au trésor, les journées du jeune hommes seront mouvementées !

Un bon roman qui découragera peut être les lecteurs les moins aguerris. En effet, la multiplication des personnages, la complexité des liens entre eux, les nombreux détails sur les alliances entre seigneurs de Bretagne et l’intrigue elle-même font du « Chevalier au loup » un livre qui peut être assez difficile d’accès. Par contre, on se sent embarqués dans ce Moyen âge rugueux dès les premières pages et l’on glisse nos pas dans ceux des pèlerins, glacés par la morsure du froid de cet hiver interminable et angoissés à chaque nouvelle épreuve qui se présente. En fait, le pèlerinage sert de prétexte à la mise en place d’une intrigue quasi policière dans laquelle Armel prend une place prépondérante.

Surprenant ce choix de titre parce que le chevalier Alan de Lesneven  s’il est bien présent dans le roman joue un rôle moins capital qu’Armel qui est le personnage véritable fil conducteur du roman.

Un beau récit, bien écrit qui plus est, qui nous en apprend plus sur ces incroyables pèlerinages qui exigeaient bien du courage  et une foi inébranlable pour les accomplir.

 




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