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Fév
08

Les yeux secs

cathrine2.gifRoman d’Arnaud Cathrine aux éditions J’ai Lu, 1999

Premier roman d’un auteur dont j’ai déjà lu quelques titres en jeunesse (Mon démon s’appelle Martin), mais que j’ai eu envie de découvrir en profondeur après avoir lu une longue interview de lui dans Lecture Jeune, la revue consacrée aux lectures adolescentes. Ce romancier a une voix bien à lui, il a construit une oeuvre forte dont les thèmes parlent aux adolescents, les chroniques qui vont suivre sont toutes consacrées à ses ouvrages.

Dans Les yeux secs, le lecteur est plongé d’emblée dans une scène digne d’un film de guerre. Pas au milieu d’une bataille, mais dans une ville dévastée après les affrontements, quand les survivants se terrent et que rôde l’ennemi à la recherche de ceux qu’ils faut « éliminer ». Hamjha et Odell guettent la milice, ils se cachent en se faisant passer pour morts…enchevêtrés avec les corps de leurs parents assassinés par ces mêmes miliciens. C’est dans cette angoissante attente de l’inéluctable (ils doivent être couchés sur « la liste », leur sort est scellé), dans la promiscuité de la mort de leur mère et leur père que toute la narration s’organise. Celui qui raconte, c’est Odell, otage de la peur et en perte de repères dans cet univers bouleversé par la guerre.

Le thème est dur, rien n’est dit de cette guerre que l’on imagine pourtant assez bien comme se déroulant dans les Balkans il y a peu. Tout le roman est bâtit sur le ressenti d’Odell qui raconte la plongée dans l’horreur pour ces deux adolescents qui ont vu mourir sous leurs yeux leurs parents et qui ne voient aucune issue à leur sort, si ce n’est attendre leurs bourreaux. Un récit sombre qui charrie l’odeur du sang et de la peur, dont les pages sourdent de l’angoisse montante d’Hamijha et Odell prêts à se déchirer tant cet atmosphère de guerre annihile toutes valeurs et met à nue les faiblesses de chacun. Un récit dur et âpre, constitué de phrases courtes et tranchantes dans une écriture épurée qui laisse un goût amer dans la bouche, qui met mal à l’aise parce qu’il est sans complaisance : un récit de guerre qui interroge le lecteur sur lui-même.


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