Archive pour 10 février 2008

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Fév
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La route de midland

cathrine3.jpgRoman d’Arnaud Cathrine aux éditions Verticales, 2001

Sur la route de Midland, on accompagne Will qui vient de reconnaître à la morgue le corps sans vie de son frère. Il décide de l’emmener dans un van réfrigéré pour le protéger de la chaleur ambiante dans ce coin désolé des Etats-unis. Que faire de ce corps qui ravive chez Will les traumatismes de son enfance ? Pour le moment, Will s’arrête au Salt Café, prend une chambre et, unique résident du motel, apprend à connaître Zach, le vieux mécanicien noir, Singer, l’adolescent orphelin et Amy, la gérante qui l’a recueilli. Will ne quittera pas le Salt Café jusqu’au dénouement, les chemins de chacun des personnages étant amenés à se croiser inéluctablement.

Dans les yeux secs, A. Cathrine laissait entrevoir les tourments d’un univers où les démons de l’enfance sont très présents. Sur la route de Midland, ces démons s’emparent de chaque page et entraînent le lecteur dans un éprouvant séjour au Texas avec ces personnages tourmentés, fracassés par la vie dont rien de leur peurs, ni de leurs drames ne nous est caché. De la crudité parfois, des scènes insoutenables, mais un récit qui sonne juste, une narration pleine de vivacité ponctuée de phrases courtes qui guident le lecteur vers le dénouement sans lui laisser le temps de respirer. J’ai aimé ce récit polyphonique où les voix de chacun des personnages se succèdent dans un tourbillon d’émotions et de drames intimes qui tout en révélant les personnages dans leur noirceur, nous les rend proches. Ils sont complexes les personnages de Cathrine, ils sont profondément humains, marqués par leur histoire personnelle qui conditionne la relation à l’autre : un roman dur, étouffant comme la chaleur texane mais terriblement efficace.

10
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Les yeux secs

cathrine2.gifRoman d’Arnaud Cathrine aux éditions J’ai Lu, 1999

Premier roman d’un auteur dont j’ai déjà lu quelques titres en jeunesse (Mon démon s’appelle Martin), mais que j’ai eu envie de découvrir en profondeur après avoir lu une longue interview de lui dans Lecture Jeune, la revue consacrée aux lectures adolescentes. Ce romancier a une voix bien à lui, il a construit une oeuvre forte dont les thèmes parlent aux adolescents, les chroniques qui vont suivre sont toutes consacrées à ses ouvrages.

Dans Les yeux secs, le lecteur est plongé d’emblée dans une scène digne d’un film de guerre. Pas au milieu d’une bataille, mais dans une ville dévastée après les affrontements, quand les survivants se terrent et que rôde l’ennemi à la recherche de ceux qu’ils faut « éliminer ». Hamjha et Odell guettent la milice, ils se cachent en se faisant passer pour morts…enchevêtrés avec les corps de leurs parents assassinés par ces mêmes miliciens. C’est dans cette angoissante attente de l’inéluctable (ils doivent être couchés sur « la liste », leur sort est scellé), dans la promiscuité de la mort de leur mère et leur père que toute la narration s’organise. Celui qui raconte, c’est Odell, otage de la peur et en perte de repères dans cet univers bouleversé par la guerre.

Le thème est dur, rien n’est dit de cette guerre que l’on imagine pourtant assez bien comme se déroulant dans les Balkans il y a peu. Tout le roman est bâtit sur le ressenti d’Odell qui raconte la plongée dans l’horreur pour ces deux adolescents qui ont vu mourir sous leurs yeux leurs parents et qui ne voient aucune issue à leur sort, si ce n’est attendre leurs bourreaux. Un récit sombre qui charrie l’odeur du sang et de la peur, dont les pages sourdent de l’angoisse montante d’Hamijha et Odell prêts à se déchirer tant cet atmosphère de guerre annihile toutes valeurs et met à nue les faiblesses de chacun. Un récit dur et âpre, constitué de phrases courtes et tranchantes dans une écriture épurée qui laisse un goût amer dans la bouche, qui met mal à l’aise parce qu’il est sans complaisance : un récit de guerre qui interroge le lecteur sur lui-même.




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