Archive pour juillet 2007

28
Juil
07

Loin de Ghadamès

stolzghada.jpgRoman de Joëlle Stolz aux éditions Bayard Jeunesse.(collection Estampille) 2005

Suite du premier roman publié en littérature jeunesse de Joëlle Stolz, « Les ombres de Ghadamès ». Revoilà donc Malika, la jeune fille de Ghadamès qui bouscule les traditions et tombe amoureuse d’un bel inconnu que tout le monde dans la ville poursuit. La romancière a imaginé la suite et l’on retrouve avec plaisir la même ambiance exotique, la même langueur des demeures écrasées de soleil où dans la pénombre se meuvent les femmes de Ghadamès. Cette histoire se déroule au XIXe siècle et l’on a aucun mal à imaginer les personnages en songeant aux tableaux de Delacroix, Ingres ou d’autres peintres orientalistes. Mais ce qui est intéressant, c’est ce que provoque Malika par ses prises de position, comment elle enfreint toutes les traditions séculaires pour s’affirmer comme femme libre de choisir celui qu’elle veut aimer. Cette fois-ci, son engagement l’amène à des abandons et des déchirements dont elle mesurera plus tard toute la portée. En acceptant de se marier à Abdelkarim, elle quitte Ghadamès et sa famille pour suivre un homme qu’elle connaît à peine. A dos de chameau dans une caravane de Touaregs, elle tire un trait sur son passé et s’en va vers Tripoli pour découvrir que son mari n’est pas si libre qu’il y parait, engagé dans une mystérieuse confrérie musulmane. En découvrant une certaine liberté, Malika se frotte à d’autres dangers et fait le douloureux apprentissage de la vie de femme.

Un livre qui se lit aisément, la lecture est fluide favorisée par un récit bien organisé, répartis en cours chapitres dans lesquels chaque fois un nouvel élément de l’intrigue survient. On peut se poser quelques questions sur les paragraphes où Mlika rencontre une jeune anglaise et ce qu’elles vont être amené à faire ensemble, tout cela semble se faire si facilement alors que jusqu’ici l’auteur avait pris plus de précautions pour densifier et crédibiliser son récit. La, découverte de traditions (celles de Ghadamès puis celles des Touaregs), les changements de points de vue sont intéressants, on ne s’ennuie pas et le tout reste agréable mais encore une fois, Joëlle Stolz aurait pu approfondir les relations qu’entretient Malika avec Cassandra (l’anlaise) ou le moine-soldat, il reste comme un goût d’inachevé une fois la dernière phrase lue…Même si j’ai apprécié le roman, je le trouve un ton en-dessous du premier.

28
Juil
07

Le bizarre incident du chien pendant la nuit

2841113051.gifRoman de Mark Haddon aux éditions Pocket Jeunesse. 2004

Hé oui, je ne l’avais pas encore lu ce roman qui a fait parler de lui à sa sortie.Rien que de savoir qu’il avait un rapport avec les maths, et je l’avais dédaigneusement snobé. Heureusement, sous le chaud soleil breton de juillet (!), j’ai décidé d’ouvrir ce roman de Mark Haddon et j’ai bien fait ! Christopher, le personnage principal et narrateur nous apparaît assez vite comme hors norme. Il est autiste et c’est donc de l’intérieur que le romancier nous fait partager sa vie au quotidien. Placé devant d’insurmontables épreuves en certaines circonstances, complétement asocial la plupart du temps,Christopher est néanmoins excellent en mathématiques et a tendance à faire appel à elles dès que le monde dans lequel il vit est perturbé. Il n’aime rien de moins que résoudre de tortueuses équations, être mis au défi d’un problème de maths ou transformer des données (quelles qu’elles soient !) en diagrammes. C’est avec ce bagage, son goût pour la vérité et ses certitudes que Christopher va se lancer dans une enquête policière à la manière de Sherlock Holmes, sa référence en la matière. En effet, le jeune garçon , au cours d’une de ses ballades nocturnes, a découvert le cadavre du chien de la voisine, une fourche plantée dans les flancs. Christopher veut retrouver l’assassin par soucis de vérité…et c’est tout son monde qui va s’en trouver ébranlé.

Un roman captivant, fort, enthousiasmant…même avec quelques problèmes de maths ici ou là. Il faut dire que ce n’est pas(comme je l’avais imaginé) le coeur de ce roman. C’est le monde deChristopher, son autisme, le véritable personnage principal et l’auteur sait par son récit, rendre l’implacable logique de l’univers ordonné par le jeune homme. Au fur et à mesure que progresse l’enquête, tout s’éclaire : les difficultés pour un autiste à évoluer dans un monde plein de sous-entendus, d’hypocrisies, de mensonges et autres dissimulations. Mark Haddon trouve les mots justes, excelle à peindre les états d’âme de Christopher, adapte la forme du roman à son cheminement intellectuel : c’est brillant, éclairant sur l’autisme et très touchant. Un roman qui ne peut laisser insensible…même sans être féru de maths.

28
Juil
07

Les cerfs-volants de Kaboul

9782264043573r1.gifRoman de Khaled Hosseini aux éditions Belfont , publié en poche chez 10/18 « domaine étrangers ». Trad. de Valérie Bourgeois.  2005

Afghanistan, 1975. Amir a une douzaine d’années et vit seul avec son père, un riche commerçant établi dans une superbe villa au coeur de Kaboul. Pas tout à faitr seul puisqu’Ali et son fils Hassan partagent la vie d’Amir et de son père…mais à leur service. Ils sont Hazaras et chiites et donc voués à une vie de domestiques. Même si adultes et enfants sont frères de lait, les rigueurs des traditions et de l’étiquette afghane remet chacun à sa place. Amir – qui raconte l’histoire – est passionné de cerfs-volants et y jour souvent avec son fidèle Hassan. Dans la Kaboul de 1975, le ciel était souvent colorés par ces rectangles de papiers objets de luttes effrenées et de véritables batailles aériennes où l’honneur de terminer premier rejaillit sur toute une famille. Mais tout va changer losque le roi sera déposé. Aux soubressauts de l’Histoire qui entraînent dans une effroyable spirale de violence l’Afghanistan fait écho la désagrégation de l’univers d’Amir ponctué par un irrémédiable acte de lâcheté au coeur de ce roman véritablement captivant.

Voilà un gros roman qui se dévore sans peine. Rien n’est connu du lecteur sauf quelques images tirées du 20 H quand l’Afghanistan faisait la Une de l’actualité internationale. Ce pays n’en n’a pas fini avec ses vieux démons, ce roman n’en réécrit pas l’histoire, mais à travers la vie d’Amir (de son enfance à l’âge adulte), c’est une sorte de diaporama de ce qu’à subit l’Afghanistan et surtout les afghans que l’on découvre. Impossible d’en dire plus sur le destin d’Amir, mais l’histoire est bouleversante. L’écriture est très agréable ponctué de douceurs orientales et soudain très épicées à en faire pleurer voire à laisser dans la bouche comme un goût amer… Un roman qui ne peut laisser insensible et qui, même s’il a pour décors une autre culture avec d’autres rites, parle à tous par le cheminement personnel d’Amir, ce travail sur lui-même qu’il s’impose et qu’il nous livre. Très beau roman, une histoire de culpabilité et de rédemption, mais aussi de magnifiques pages de littérature.

28
Juil
07

Six -Pack

rn246.jpgRoman de Jean-Hugues OPPEL aux éditions Rivages/noir. 2000

L’inspecteur saverne et son adjoint, l’Officier de Police judiciaire Philippe Rison, sont confrontés à une terrible énigme : qui est l’auteur de ces cinq crimes atroces dont ont été victimes des jeunes femmes ? Est-ce la marque d’un sérial-killer ces signatures infâmes qui feraient tourner de l’oeil un légiste débutant ? Rude enquête pour les policiers « frenchies » qui iront voir du côté des spécialistes US du crime en série pour essayer d’y voir plus clair et mettre fin  aux agissement du prédateur.

Un polar redoutablement efficace qui baigne dans le sang et les bons mots. L’auteur joue avec les poncifs du genre avec talent, Oppel est un de ces auteurs de romans noirs à la française où l’on évolue dans les arcanes du quai d’Orsay en partageant le commun de ces flics ni bodybuildés, ni superhéros, mais qui sont « experts » quand même , surtout dans le remue-méninges façon Colombo. De la gouaille, des jeux de mots (mais pas trop), une intrigue bien amenée et surtout un final haletant et angoissant (on est rivé aux mot, pressé et effrayé d’en finir !). Du beau travail pour un roman à couteau tiré (vous comprendrez en le lisant), dommage que l’auteur ne s’appelle pas Opinel au lieu d’Oppel, ma chronique aurait été pliée !

A noter, le premier chapitre qui met tout de suite dans l’ambiance…on y reviendra au cours du récit en reprenant l’énigmatique titre Six-Pack. Effarant et quelque peu dérangeant parce que c’est aussi cela le Noir, être confronté par la lecture au Mal incarné.

26
Juil
07

Les larmes noires

9782012013377.gifRoman de Julius Lester aux éditions Hachette jeunesse.

Mêlant faits historiques et fiction, cet ouvrage qui oscille entre roman et théâtre, retrace l’une des plus fameuse vente aux enchères d’esclaves dans l’état de Géorgie dans ce qui n’est pas encore les Etas-Unis d’Amérique. Pierce Butler, popriétaire de la plantation du même nom connaît les pires difficultés financières après avoir perdu au jeu. Dans l’impossiblité de rembourser ses dettes, il décide de vendre une grande partie de son « cheptel » humain : ses esclaves. Du jour au lendemain, des familles sont séparées aux quatre coins des états esclavagistes du Sud. Au gré des achats, femmes, enfants et hommes se retrouvent à la merci de propriétaires sans vergogne où les régisseurs les brutalisent avec cruauté et inhumanité…Il faut dire que pour beaucoup de ces hommes, les « nègres » n’ont pas plus de droit que des bêtes, ils les estiment incapables de sentiments aussi n’ont-ils aucun scrupule à les vendre séparemment comme on ferait commerce de ballots de coton ou de mules.

Un récit bref, un texte incisif qui plonge le lecteur au coeur de la vente en décortiquant le processus délétère de cette marchandisation des corps. Très beau texte, sans artifices, d’une efficacité redoutable pour faire revivre cette période noire et cet épisode – historique – dit du « temps des larmes ». D’une portée universelle pour comprendre les rouages et mécanismes de l’esclavage, c’est un texte facile à lire même si les voix sont plurielles (plusieurs personnages expriment leur sentiment tout à tour) et que la forme peu dérouter (entre pièce de théâtre et roman).




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