Archive pour février 2007

20
Fév
07

Mer calme, vue sur l’enfer

9782742763511m.jpgRoman de Claude Carré aux éditions Actes Sud Junior (cadet fantastique).

Pour le dernier roman lu de la sélection, c’est décevant ! C’est un roman fantastique – pour le genre seulement- et encore ! Normalement, dans un roman fantastique, l’auteur instille le doute dans l’esprit du lecteur en injectant des phénomènes inexplicables dans un cadre on ne peut plus réel. On est bien loin de cela ici. Le roman, assez mal écrit au demeurant, sombre très vite – non dans les méandres de l’Enfer- mais dans la grosse farce ridicule qui parvient à peine à empêcher les paupières du lecteur de s’affaisser. Les dialogues sont pitoyables, les situations, loin d’être fantastiques, sont ridicules et très mal rendues par une écriture mièvre et sans épaisseur. Un roman à oublier de suite…c’est déjà fait mais c’est bien dommage de terminer sur cette note. Encore que, ce soit un peu à l’image de l’ensemble : sur les 22 romans lus (quelques-uns m’ont échappé apparemment), peu de coups de coeur, beaucoup de déceptions, parfois avec des auteurs confirmés. Avec quelques-uns des textes découverts, je réalise combien l’offre éditoriale est inégale. A nous d’être vigilants pour la constitution d’un fonds de qualité qui tire les jeunes vers le haut sans aller nécessairement vers leurs goûts premiers.

18
Fév
07

Le livre du temps. T1 : La pierre sculptée

livre_temps_sommaire.gifRoman de Guillaume Prévost aux éditions Gallimard jeunesse.

Samuel s’inquiète de la disparition de son père. S’il est fréquent qu’il s’absente plusieurs jours, jamais encore il n’était parti si longtemps. En retournant dans la librairie dont son père est le propriétaire,Sam découvre une étrange pierre et un vieux livre évoquant Vlad Tepes. Après quelques tâtonnements, il place une pièce de monnaie évidée au centre de la pierre : commence alors pour Sam le plus curieux des voyages dans le temps.

Une impression mitigée à la lecture de ce roman. Les ingrédients sont là pour avoir un bon récit et pourtant j’ai trouvé qu’il comportait des longueurs et quelques pesanteurs. Pour un jeune de 14 ans, Sam est vraiment d’un courage exemplaire et ne semble jamais être pris en défaut lorsqu’il voyage dans le temps alors qu’il est trouillard et emprunté dans la vie réelle, tout paraît aller de soi, qu’il se retrouve en pleine guerre de 14, ou plus surprenant encore, au milieu d’une nécropole égyptienne. Est-ce la volonté de l’auteur de transformer ainsi le personnage ? peut-être ! Mais je trouve que le récit perd parfois en crédibilité…or pour accepter le fantastique, il faut que les éléments de realité soit fortement ancrés. Finalement, les meilleures pages sont celles de la fin lorsqu’il se surpasse pour la compétition de judo, et l’on est presque frustré que le T1 se termine ainsi. Pour ce qui est des tableaux historiques, je ne les trouve pas si convaincant, on n’apprend en fait peu de choses sur les peuples « visités » par Sam. Du coups, faut-il le mettre dans le concours des Inco ? Pour le niveau du roman, oui. Pour la qualité du texte, oui mais sans enthousiasme. Pour les qualités de l’intrigue, oui sans plus. Pour l’illustration, bof. Le fait que ce soit un tome un joue peut-être en sa défaveur.

13
Fév
07

Célestin Radkler- Prince des illusions

9782070575770m.jpgRoman de Jean-Luc Luciani aux éditions Gallimard jeunesse (Hors piste)

Encore une histoire de magie ! On pourrait craindre un nouvel avatar de la série, mais là nous ne sommes pas dans un univers fantasmé à la Harry Potter, on est plutôt au milieu de la piste aux étoiles, parmi les balladins et autres artistes -dont les prestidigitateurs – dans cette période trouble de l’entre-deux guerre. Un peu d’histoire (la montée du nazisme est évoquée), beaucoup de mystère (le recrutement de Célestin par les services secrets de Sa Majesté est très bien amené), un peu d’amour et beaucoups de rebondissements pour une aventure haute en couleur : le roman de Jean-Luc Luciani est une bonne surprise. L’écriture est simple mais agréable, sans fioriture mais efficace. La succession des chapitres est rapide, la progression de l’histoire sans temps morts : le lecteur n’a pas le loisir de s’ennuyer. Loin d’être un adorable et exemplaire personnage, Célestin est plein de défauts qui le rendent d’autant plus attachant et crédible. Les personnages secondaires sont suffisamment riches pour contribuer à densifier le récit. Seul bémol, la fin est moins enlevée que le début du roman (une vraie réussite avec de l’humour et de l’impertinence) et le happy end est trop prévisible. Il reste au final un roman plaisant qui devrait passionner les jeunes férus d’aventure et d’histoire de magiciens..de ceux qu’on voit dans les cirques ou à la TV, dont on sait qu’ils ont un truc mais qui nous font rêver par leur extraordinaire talent. Ce roman réussit à escamoter avec plaisir un peu de notre précieux temps pour le lire : chapeau bas pour l’auteur !

10
Fév
07

The Midnight Library (vol. 1 Les voix)

shadowvoix.jpgNouvelles de Nick Shadow aux éditions Nathan

Trois nouvelles qui doivent faire peur, voire nous « glacer le sang » d’après la quatrième de couv., c’est raté ! C’est mal écrit, le suspens est aux abonné absent, toutes les situations sont prévisibles, ce qui prime dans une nouvelle c’est autant l’atmosphère que la qualité de la chute…en ce qui concerne ces dernières, elles tombent à plat dans les 3 cas. Des histoires qui laissent de marbre, pas grand chose à se mettre sous la dent, pourquoi conseiller ce livre à des jeunes ? Il y a bien meilleur dans le genre pour les conduire sur la voie de la lecture. A laisser de côté et à oublier.

A noter quand que la couverture, elle, est une réussite. Dommage que le contenu ne soit pas à la hauteur.

10
Fév
07

Un été outremer

uneteoutremer.jpgRoman de Anne Vantal aux éditions Actes Sud Junior (ado)

Il s’appelle Sylvain, mais ses parents adoptifs l’on prénommé Félicien. A 18 ans, le désir d’identité se fait pressant, qui lui a donné naissance, pourra-t-il retrouver sa mère naturelle ? Il se l’atait promis, à sa majorité, il se rendrait à la DDass pour savoir enfin.

Félicien loupe son bac, bouleversé depuis qu’il a découvert l’identité de sa mère : Samira Maziane. Stupeur et incompréhension, il est né à Alger et c’est toute une vie qui se trouve remise en question. Honte, peur et colère sont les sentiments de Félicien et l’auteur excelle à les mettre en mots dans un récit très bien construit. Une histoire touchante et écrite avec beaucoup de talent et de délicatesse. Les mots d’Anne Vantal font mouche, et la quête de Félicien, devient celle du lecteur tout entier associé aux espoirs et aux doutes du personnage principal.

L’auteur sait à merveille restituer une atmosphère : on sue au soleil d’Alger, on grelotte dans les petits matins de Kabylie, on assiste à la naissance d’un homme qui se construit tout au long du récit dans la difficulté et les souffrances, en assumant sa deuxième naissance au monde. C’est tout simplement beau, plein d’espoir et, à mon avis, très évocateur pour des ados en quête d’eux-même. Même si le personnages est assez loin de jeunes de 5/4e, je pense que cette histoire saura toucher ce public…mais c’est assurément un livre qui peut être lu par les plus grands.

07
Fév
07

Serial qui leurre

serial.jpgRoman de Claude Carré aux éditions Actes Sud Junior (ado polar)

Le titre est plutôt rébarbatif au premier abord (le jeu de mot est très pesant), l’illustration – enfantine – laisse à penser que ce sera un véritable pensum que de lire ce roman. 1re surprise, la prise de contact est assez agréable, l’auteur écrit bien et l’incipit donne réellement envie de poursuivre la lecture. Il y a une pointe d’humour, une certaine complicité qui s’instaure avec le lecteur qui attire. L’histoire -policière – se met rapidement en place avec la découverte du premier corps dès le 2eme chap. , et là ça commence à se gâter. Pour le narrateur, le sympathique Clovis bien sûr, qui a la fâcheuse habitude d’être toujours à proximité quand un cadavre est trouvé, mais aussi pour le lecteur qui commence à trouver les ficelles un peu grosses. Chaque fin de chapitre est ponctuée de la phrase sensée relancée le récit et injecter du suspens du type « mais le pire était à venir… ». Une fois passe mais la répétition du procédé devient vite lassante. Cette succession de crimes devient rapidement plus loufoque qu’angoissante (c’est annoncé comme un polar, non ?) et on ne tremble pas un instant pour Clovis (le personnage principal) ou même un autre personnage pour lequel on aurait eu un peu d’empathie. En fait, la vie suit son cours près de ce terrain de camping ou les ados mènent un temps l’enquête mais avec encore moins de talents que le défunt Club des Cinq.

Quand on comprend avec Clovis que le frère de son ami est revenu et qu’il est probablement impliqué dans cette série inexpliquée de crime, on se dit en lecteur attentif prêt à être berné par l’auteur retors, que ce ne sera pas si simple…et bien si, et je dois dire que cette fin m’a mis en plus un peu mal à l’aise. Parce que le frère a le profil du parfait criminel, le type même de celui qui est souvent -dans la réalité – objet de la vindicte populaire. Parce que les motivations sont bien faibles et le passage à l’acte traité avec beaucoup de légèreté et qu’au final, c’est un roman policier bien médiocre que je ne conseillerai pas à des élèves de 5e/4e.

04
Fév
07

Aussi libres qu’un rêve

fargetton.jpgRoman de Manon Fargetton aux éditions Mango (Autres mondes).

Deux jumelles sont nées…au même moment, enfin presque puisque l’une est du mois de décembre et l’autre du mois de janvier , à quelques minutes près leur destin en aurait été modifié. En effet pour les janvier, c’est l’école prestigieuse et les métiers les plus attrayants (show bizz, politique…), pour les décembre, c’est l’ennui qui guette et les métiers les plus dévalorisants. Le début est assez tonique, un réel effort pour construire un monde imaginaire de SF.

Je reprend ce brouillon, je viens d’achever la lecture de « Aussi libres qu’un rêve »et je suis agréablement surpris. Bien, très bien même ce roman ! Quelques petites longueurs ici ou là, mais c’est plutôt à mettre au crédit de l’auteur d’avoir essayé de mettre en place des personnages et situations qui prennent sens au fur et à mesure du déroulement de l’intrigue. Le cheminement dans l’intimité des personnages principaux, la découverte progressive de leurs états d’âme nous invitent à partager étroitement leurs émotions : les romantiques devraient apprécier l’histoire d’amour qui se noue entre Kléano et Silnoä, souffrir avec la « chute » de Nériss, ses atermoiements et trembler pour le final, quel final ! L’auteur n’a pas cédé à la facilité du happy end habituel et son roman en devient d’autant plus crédible. Un roman tout à fait dans la veine de la collection qui, en plus de l’histoire, doit amener les lecteur à s’interroger sur la société, les évolutions technologiques, etc. Avec ce premier roman, Manon Fargetton y réussit pleinement. Les personnages secondaires sont bien campés, le thème de l’échange d’enfant est au coeur du roman et est très bien exploité dans un scénario dramatique qui tient ses promesses. L’écriture est agréable, assez riche et variée (le langage sms ne devrait pas de poser de problèmes de compréhension aux jeunes lecteurs). Au final, une bonne surprise qui mérite d’être retenue dans la sélection. Manon Fargetton fait largement la pige à des auteurs plus confirmés qui m’ont déçu par la piètre qualité de leur roman.




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